Baraké

Publié le 18 Novembre 2009

Il m'arrive bien souvent d'être le matin la première cliente des nombreux services qui parcourent nos rues.
Avant 7 heures du matin, je croise ces chauffeurs de bonne ou mauvaise humeur, chrétiens ou musulmans mais il y a un geste qui ne change pas.
Les premiers billets que je leur donnerai seront traités avec des égards particuliers:
Premier client, premier argent, c'est le signe de la bénédiction de Dieu sur ce chauffeur.
Le chauffeur chrétien se signera avant de ranger l'argent, le chauffeur musulman le portera à son front puis à ses lèvres et enfin le rangera.
Cet argent est "baraké" (= béni) !

Beaucoup vous diront qu'il ne s'agit que de superstition, je préfère voir dans ces "petits gestes" autant de signes de la présence de Dieu parmi nous.


In L'Orient-Le Jour du 17 novembre :

Deux prêtres capucins libanais morts en 1915 et 1917, victimes du fanatisme des « jeunes-Turcs » dans l'Empire ottoman, pourraient être béatifiés. Leur dossier vient d'être transmis à Rome après la clôture au Liban de leur procès informatif.


Le vicaire apostolique latin au Liban, Mgr Paul Dahdah, a clôturé il y a quelques jours le procès informatif de deux prêtres capucins libanais décédés en martyrs du génocide perpétré par l'Empire ottoman contre les Arméniens et certaines minorités chrétiennes durant la Première Guerre mondiale (1914-1918).
La cérémonie solennelle de clôture du procès s'est tenue le mercredi 28 octobre en l'église Saint-Antoine, à Baabdate. Cacheté à la cire rouge, le dossier a été remis au P. Florio Tessari, postulateur général des capucins à Rome. Un jugement positif signifiera pour le Liban deux nouveaux bienheureux. Selon le P. Salim Rizkallah, postulateur au Liban du procès du père Jacques, le seul fait d'avoir donné sa vie pour la foi chrétienne suffit pour mériter le titre de bienheureux. Un miracle n'est pas nécessaire.
Le dossier transmis à Rome contient, outre la biographie des deux prêtres et les circonstances de leur mort héroïque, une étude historique sur la Turquie ottomane, des témoignages de spécialistes du génocide et des études approfondies établies par des professeurs à l'Université libanaise : Joseph Abou Nohra, Abdallah Mallah et Élias Kattar.
Les capucins candidats à la béatification sont le P. Léonard Habib Melki (1881-1915) et le P. Thomas Gériès Saleh (1879-1917), deux maronites de Baabdate qui avaient embrassé le rite latin pour rejoindre l'ordre de Saint-François.
La question fondamentale qui se pose est la suivante : ces prêtres ont-ils réellement donné leur vie pour la foi chrétienne ? Léonard Habib Melki, qui avait la charge d'écoles et d'ateliers en Turquie, fut arrêté au couvent de Mardine, jeté en prison et torturé dans le but de lui faire « avouer » qu'il existait des cachettes d'armes dans la ville, la seule de Mésopotamie où les chrétiens étaient plus nombreux que les musulmans.
Condamné sans preuves, après avoir refusé de renier sa foi, il fut enchaîné et déporté avec 400 autres personnes. Dans la caravane se trouvait aussi l'évêque, Ignace Maloyan. On fit croire aux déportés qu'ils se dévoueraient à des travaux de réparation des routes. Tous furent massacrés par étapes. Un soldat raconta qu'à la veille de l'exécution du premier groupe de cent personnes, Mgr Maloyan rassembla tous les catholiques du convoi, donna l'absolution et distribua du pain consacré. Lors de la consécration et de la communion, précisa le soldat, un nuage épais couvrit les déportés et un parfum exquis, jamais respiré auparavant, se répandit autour d'eux. Une fois leur prière achevée, la nuée se dissipa. Léonard Melki mourut à l'aube du vendredi 11 juin 1915.
Mgr Ignace Maloyan fut le dernier à mourir. Il fut abattu d'une balle dans la nuque après avoir refusé une nouvelle fois d'abjurer. Il a été béatifié par Jean-Paul II.
Le P. Thomas Saleh, lui, avait été envoyé en Turquie comme éducateur, prédicateur et assistant spirituel. Arrêté à Diarkébir en 1915 avec d'autres missionnaires latins, il fut d'abord déporté à Orfa, gros centre où étaient assignés tous les missionnaires européens. Des heurts ayant opposé Turcs et Arméniens, un massacre s'ensuivit au cours duquel 20 000 Arméniens furent tués. Leur curé, le P. Vartan, échappa toutefois au massacre et frappa à la porte du couvent des capucins pour y trouver refuge. Bien que conscient du risque que ce geste d'hospitalité pouvait coûter, le P. Thomas insista pour que le père Vartan soit accueilli et hébergé au couvent en sa qualité de prêtre de Jésus-Christ. Hélas, à la suite d'une dénonciation, le P. Vartan fut découvert. Trois capucins du couvent furent condamnés à la prison, mais Thomas Saleh, lui, fut jugé passible de la peine capitale. Emmené en plein hiver pour être jugé et exécuté à Adana dans la lointaine Cilicie, il meurt héroïquement en route, le 25 janvier 1917, atteint du typhus. « J'avais demandé à Dieu de prendre sur moi les souffrances du P. Vartan. Je ne regrette rien. Je n'ai pas peur de la mort ! » avait-il confié à ceux qui recueillirent ses dernières volontés.

Rédigé par Zélie

Publié dans #Beyrouth en prières

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